Quentin Protsenko

 

Interviewé en mai 2021
Depuis octobre 2016 chez FRAYSSINET

 

 

 

> COMMENT ONT ÉVOLUÉ VOS MISSIONS AU SEIN DE L’ENTREPRISE SUITE À VOTRE DERNIÈRE INTERVIEW ?

J’ai rejoint Frayssinet en 2016 car j’avais à cœur de mettre à profit mes compétences pour une société qui partage mes valeurs, tournée vers l’avenir et toujours en recherche de solutions naturelles innovantes sans transiger sur leur efficacité et leur qualité. Cela fait sept ans maintenant que la conviction d’avoir fait le bon choix se confirme au quotidien !

L’impermanence fait partie intégrante de l’ADN de Frayssinet, et c’est dans la diversité des missions confiées que je m’épanouis. En qualité de Responsable des affaires réglementaires, mon rôle principal reste d’assurer la conformité réglementaire de nos produits mis sur le marché, et ceci peu importe le pays de destination. Je siège également à la Commission Environnement et au Comité Éthique de l’entreprise, deux sujets d’actualité auxquels je suis particulièrement sensible. Par ma sensibilité écologique, j’ai naturellement été chargé d’élaborer le Bilan des émissions de gaz à effet de serre de notre activité depuis deux ans.

Les mises en place récentes de l’entreprise me positionnent logiquement en tant que référent du processus Mise sur le Marché intégré au sein de la branche Innovation & Qualité.

 

> ET AU NIVEAU DU PAYSAGE ASSOCIATIF DU MÉTIER ?

Ayant à cœur de défendre au mieux les intérêts de la profession, je m’implique toujours autant au sein des associations professionnelles et instances liées à notre métier : je partage la présidence d’ECOFI (European Consortium of Organic-Based Fertilizer Industry) depuis
cinq ans, siège au Conseil d’Administration d’AFAÏA depuis deux ans et y préside également le Collège amendements et engrais. J’endosse ces rôles avec pragmatisme et sérieux pour une défense juste des enjeux de la filière organique tant au niveau national qu’européen.

Nous adhérons également à l’EBIC (European Biostimulant International Council) depuis
trois ans et y défendons notre vision disruptive et systémique de l’agriculture de demain. L’EBIC est reconnu à l’international comme une marque de qualité et de sérieux.

S’impliquer au titre d’expert dans les instances de normalisation est devenu une priorité, d’autant plus depuis la publication du nouveau règlement européen sur la mise en marché des matières fertilisantes, qui nécessite maintenant de finaliser des dizaines de normes européennes pour son application effective… Il est de notre devoir de ne pas décrédibiliser le métier par des normes trop laxistes, ou à l’inverse, bloquer l’accès au marché aux entreprises de taille modeste en imposant des exigences inappropriées. Au niveau français, j’ai récemment accepté l’animation du groupe de travail Amendements Organiques du BN Ferti en charge de la révision de la norme NF U 44-051 permettant la mise sur le marché de nos composts.

Animé par la conviction que lobbying et éthique peuvent être compatibles, c’est dans cette recherche de consensus et la mesure des conséquences futures de nos décisions que nous pouvons agir, en conscience, dans l’intérêt collectif.

 

> COMMENT ASSUMEZ-VOUS LA LOYAUTÉ DES PRATIQUES PROMUE AU SEIN DE L’ENTREPRISE FRAYSSINET ?

La loyauté des pratiques est un sujet sur lequel Frayssinet ne transige pas mais il peut être abordé au quotidien avec une certaine sérénité. Tous les outils ont été mis en place afin de permettre la mise sur le marché de produits dans le respect des règlementations encadrant notre métier. Nos produits ne quittent pas l’usine tant que ceux-ci n’ont pas été analysés par notre laboratoire interne, assurant le respect des valeurs agronomiques annoncées.

Chaque allégation affichée sur nos produits biostimulants a fait l’objet de nombreux essais d’efficacité, et les produits en cours de développement passeront par un dossier d’AMM nationale ou un enregistrement CE, seules voies légales de mise en marché pour ces produits, et également une garantie de qualité et de sécurité.

Cette exemplarité au niveau de nos pratiques nous apporte la crédibilité nécessaire pour pouvoir dénoncer celles des autres qui seraient non conformes ou déloyales. En effet, le rôle de leader est concomitant avec celui de lanceur d’alerte, il est également de notre devoir de veiller à ce que des pratiques jugées déloyales ne viennent entacher l’image aujourd’hui vertueuse de la profession organique. Ces dernières années ont été marquées par l’arrivée en quantité de produits déloyaux en provenance de Chine sur le marché de l’agriculture BIO, et à force de persévérance et d’abnégation de nombreux acteurs de la profession, nous avons obtenu de la DGCCRF leur interdiction.

 

> QUELS SONT LES ENJEUX POUR LES ANNÉES À VENIR ?

La mutation de notre société, amorcée depuis quelques années déjà, s’accélère avec une volonté politique affichée de plus de traçabilité, de transparence et de prise en compte transversale des problématiques environnementales prégnantes. Le Pacte Vert pour l’Europe, axe principal de la politique européenne pour les trente prochaines années est très ambitieux : promotion de l’économie circulaire, protection de la biodiversité et des sols, stratégie agricole « farm to fork » pour rendre notre système alimentaire plus durable… nous devons nous assurer que les spécificités de nos produits fertilisants organiques élaborés soient bien prises en compte dans les textes réglementaires à venir.

En effet, le risque d’être assimilé aux produits résiduaires (fumiers bruts, boues de stations d’épuration, déchets verts…) et ainsi se voir imposer des restrictions d’usage ou des contraintes analytiques démesurées ou de se retrouver perdus dans un mille-feuille réglementaire dénué de cohérence reste présent.

De plus, la stratégie carbone de l’Union Européenne est en cours d’élaboration, et il est important de porter haut et fort la voix de l’organique, afin que les agriculteurs soient justement considérés pour leurs pratiques bénéfiques de séquestration de carbone.

Nos produits ont fait la preuve de leur efficacité et leur innocuité depuis des générations, et sont des briques indispensables à la construction d’une Europe plus verte et vertueuse.  L’avenir sera Organique et la clé réside dans l’innovation et la R&D pour promouvoir des solutions dont les impacts significatifs (écologiques, sanitaires et économiques) ont été étudiés, analysés et vérifiés.

 

Quentin PROTSENKO

 

Propos recueillis par Thibault Touzeau

Découvrez l’interview de Christophe SOUYRIS,  Supply-chain